N° 8 – Extrais de : « L actualité du Génocide des Arméniens » Edipol 1998


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La plaine de Mouch

A partir du 26 juin 1915, a lieu un nettoyage ethnique extrêmement rapide des villageois arméniens de la plaine de Mouch. On a recours à des moyens primitfs. Dans le souci d'épargner les munitions, on ne fusille pas les hommes mais on les égorge. On brûle vifs, on enterre vifs. Dans des fosses communes hâtivement creusées, on étouffe les jeunes enfants avec de la terre.

A khaskugh, un des plus gros bourgs rméniens de la plaine, Kaspar Bdéyan qui a été confié, avec deux autres gamins de la famille, à la protection très intéressée du brigadier de gendarmerie Sléman Onbachi, assiste, à partir de 25 juin, au pillage des Arméniens par les Kurdes de Moussa beg, en présence d'une douzaine de gendarmes impassibles. Le 27 juin, arrive un convoi de 350 Arméniens, hommes raflés à Mouch, attachés les uns aux autres par les bras, ils sont entassés dans des granges à proximité du relais de « Kordon ».

« Les gendarmes les devêtirent et leur prirent tout leur argent, nous autres, nous tenant avec quelques hommes et enfants du village, observions… Vers deux heures le pillage s'étant arrêté, cinquante fagots de bois, quinze bottes de paille et quatre bidons de pétrole furent amenés et repartis dans les trois granges sur l'ordre de Sléman Onbachi. Postés sur les toits, nous observions la scène de loin. Soudain, ils allumèrent le feu et les flammes s'élancèrent vers le ciel. Sans doute, certains Arméniens essayèrent-ils de s'échapper en forçant les portes ou en perçant les murs, mais les gendarmes, ayant pris position autour des granges, commencèrent à faire feu sans interruption. ».

alors que cinquante chars chargés de familles arméniennes destinées à la mort arrivent de Mouch, les gendarmes encerclent la foule amassée sur la place du Kordon et à coups de fouet les forcent tous à prendre la route. Ceux qui n'arrivaient pas à se tenir debout étaient achevés sur place. Beaucoup de femmes incapables d'emmener tous leurs enfants avec elles, les laissèrent sur le bord de la route, de sorte qu'une fois la troupe éloignée, quatre à cinq cents petits enfants âgés de un à cinq ans, restèrent abandonnés sur le chemin.

« Le convoi n'avait pas encore atteint Erechder qu' Onbachi donna l'ordre d'envoyer des bidons de pétrole sur le dos de quelques Arméniens qu'ils avaient arrêtés, sous la surveillance d'un soldat. J'appris ensuite que toute la foule avait été enfermée dans les granges et brûlée. Pour ce qui est des enfants abandonnés sur la route, Onbachi donna l'ordre à une quinzaine de Kurdes de Kolossig et à quelques jeunes gens de creuser une vaste fosse, puis de rassembler tous ces petits et de les y jeter en les recouvrant de terre. Il m'envoya moi aussi, avec ses hommes. On regroupa les petits enn un même endroit et l'on creusa une fosse profonde. Bedr de Kolossig se mit àç aligner les petits enfants dans ce trou, leur enfonçant de ses propres mains les mottes de terre dans la bouche, et leur écrasant du pied le visage pour qu'ils meurent étouffés. Quant à ceux âgés de cinq ans qui lui résistaient ou n'ouvrait pas la bouche, il leur brisait les dents à coups de pierre, et leur remplissant la bouche de terre, il les faisait mourir par violence. Après cela, ils recouvrirent la fosse... ».