N° 11 – Extraits de : « Les massacres de Diarbékir » Correspondance diplomatique de Gustave Meyrier vice-consul de France 1894-1896

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18 décembre 1895 On rapporte des actes d'une cruauté inouïe : on a égorgé sur les genoux d'un père de famille ses cinq enfants et lui, ensuite a subi le même sort.

A l'abattoir, une pauvre femme travaillait, on lui dit : « Fais-toi musulmane ou nous t'égorgeons comme un mouton. » La malheureuse fit le signe de croix et on l'égorgea comme un mouton.

Une femme enlevée par un Kurde chef du village, emportait son enfant encorte au sein ; son ravisseur voulut le lui arracher et l'abandonner sur la route, le domestique s'y opposa ; mais, un peu plus loinn, traversant le fleuve, le misérable prit l'enfant et le jeta dans l'eau.

Note : de Gustave Meyrier.

J'ai pu faire rendre cette femme avec le concours de deux amis musulmans ; elle est catholique et protégée des Pères et des Soeurs, je la leur ai remise. C'est elle-même qui m'a raconté le fait que je viens de rapporter.

Les lois de l'hospitalité dont les musulmans sont si fiers, onr été foulées au pied. Dans une famille, parente du drogman, attirée chez eux par des promesses de protection, les femmes et les filles ont été violées et, après les avoir toutes chassées, on a tiré dessus.

On se demande en vérité, si c'est cette religion qui produit de tels résultats, si ces gens-là étaient vraiment poussés par le fanatisme, ou si c'est plutôt la vengeance de l'oppresseur contre l'opprimé sur lequel il perd ses droits, la fureur du maître qui voit son esclave lui échapper.

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Alors on se remet à la besogne avec un nouvel entrain. On mène les femmes à l'abattoir et on les saigne comme des veaux. On fait asseoir les hommes ligotés au front des boutiques et, sur leurs genoux transformés en billot, on coupe leurs enfants en tranches ; le consul de France assure qu'un chrétien eut trois enfants ainsi taillés sur ses genoux, puis on lui dit en riant : « Vas-t-en pleurer chez le Consul !»